Le 11 décembre 2003, un lieu d’exposition ouvrit ses portes, rue de Bourgogne à Orléans. Sans vitrines ni trompettes, Frédéric Brandon, premier artiste invité, posa symboliquement la question : “Qu’est-ce que la peinture ?”. Ainsi commença l’histoire du “Garage”, galerie d’art contemporain que venait d’imaginer Michel Dubois. Actuellement fermé.

Alexandre Rasquier

La piste noire

4 – 19 mars 2017

Chercher la route, trouver la valeur, donner l’émotion

À 46 ans, Alexandre Rasquier reste un merveilleux jeune homme aux aspirations immenses, aux ambitions sans bornes, aux paris les plus fous. Il ne renonce à aucun effort pour s’approcher des plus importants et atteindre ses « grandes espérances », avec sincérité et exigence.

Autodidacte, il s’intéresse à tous les arts : la musique « sa muse essentielle », le théâtre dont il dit qu’il lui a permis d’exister à l’école, la sculpture pour la troisième dimension, la poésie pour le cœur, la philosophie pour l’intelligence, la diversité pour le plaisir. « Je ne suis pas d’un tempérament à refaire chaque fois la même chose. Il me faut explorer, m’aventurer, me perdre, m’émanciper. J’ai besoin de l’échec pour réussir parfois. Si la perfection n’existe pas, l’important c’est de la rechercher, de s’en approcher autant que possible », explique-t-il.

Après une jeunesse bohême où il a exercé tous les métiers et voyagé beaucoup, Alexandre fait la rencontre déterminante de Janos Kis, peintre hongrois qu’il admire et qui lui donne envie d’approfondir ses recherches. C’est l’école de la rigueur, du travail, de l’épure, des repentirs… Il reprend à son compte les mots de Boileau : « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, polissez-le sans cesse et le repolissez, ajoutez quelquefois et souvent effacez ». Il affine peu à peu sa peinture qui prend corps « par le trait d’abord – c’est la route -, par la couleur ensuite, – c’est la valeur -, par la lumière enfin, – c’est l’émotion – », confie-t-il.

Excellent portraitiste, mais éclectique et ouvert au monde, il s’accommode de tous les sujets, de toutes les techniques (aquarelles, huile, gouache, brosse, couteau…) et de tous les supports (papier, toile, céramique, verre, métal, filtres à vin, volets de bois…). Son matériau de prédilection reste ces planchettes assemblées qu’il creuse à la gouge après y avoir posé ses couleurs, un peu comme s’il voulait détruire ce qu’il venait de créer.

Oui, Alexandre Rasquier est lui-même un écorché vif, insatisfait et toujours en quête du mieux, un Don Quichotte moderne qui donne envie de le suivre dans ses recherches sans cesse renouvelées. Mais attention, « la piste noire c’est du Rasquier », s’amuse-t-il à dire, friand de calembour comme un grand gamin qu’il est resté… pour notre plaisir à tous.

Bernard Fauquembergue