1996 – 2006 Peintures
9 septembre – 8 octobre 2006

Tout tableau de Gérard Le Cloarec montre un monde en train de se faire tout en défaisant le réel, un monde à l’état naissant : non pas représenté (copié) mais ramené à son origine.
Ce qui s’engendre dans notre vision de spectateur attentif, ne n’est donc pas le “réel”, mais un réel possible. Ce n’est pas la même chose ! Ce peintre nous rappelle magistralement que la peinture, la vraie, nous propose toujours un possible qui nous instruit du réel.
Essayons de dire les choses autrement : ce que le peintre veut, c’est du réel, rendre visible ce qui n’est pas vu, ce qui en appelle à une vision plus originaire : le pré-réel selon lequel l’être surgit à l’apparaître.
Il faut trouver la bonne distance pour y parvenir. La peinture est affaire de vision, elle est “rétinienne” ou n’est pas. Elle est affaire de valeurs, de couleurs et, oui, vraiment de jouissance. Puisque tout compte fait, Duchamp et ses disciples ne sont toujours pas parvenus à ce que le plaisir rétinien soit défini par le code pénal comme un crime passible une mise au ban de la société, profitons-en : il est là, offert avec une générosité illimitée par un peintre étonnamment fécond ; allez donc le découvrir, ce plaisir : il suffit de regarder. Mais n’oubliez pas : à la bonne distance !
Jean-Luc Chalumeau










