Le 11 décembre 2003, un lieu d’exposition ouvrit ses portes, rue de Bourgogne à Orléans. Sans vitrines ni trompettes, Frédéric Brandon, premier artiste invité, posa symboliquement la question : “Qu’est-ce que la peinture ?”. Ainsi commença l’histoire du “Garage”, galerie d’art contemporain que venait d’imaginer Michel Dubois. Actuellement fermé.

Thomas Dreyfuss

Entracte

2 juin – 1er juillet 2012

Par un coup de crayon qui tient de la griffe par sa précision, Sophie Beguin Billecocq nous transporte dans un univers ludique, frais, pétillant, dans lequel chacun peut entrer. Comme dans une récréation enfantine où le sérieux d’une formule distribue le rôle:  » on dirait que tu es… « , chacun peut participer, insouciant, aux jeux et à la ronde pleine de promesses de la ribambelle. Ribambelle qu’il nous plaît d’imaginer vivante et impertinente… Le noir, le blanc, le rouge, le gris seraient austères si petits pois ou rayures ne faisaient danser ces silhouettes légères, graciles, souples. Familières par une très lointaine parentèle avec les illustrés de Bécassine, Tintin, Quick et Fluke… Les articulations et les membres sont à peine notés, aucune arabesque ne relie les garçons et les filles les uns aux autres, seul l’air du temps par le vestiaire qui les différencie, accomplit cet office. Sans yeux, sans bouche, sans expressions, les personnages deviennent alors aussi doucement inquiétants qu’un mannequin abandonné dans la réserve en sous-sol d’un grand magasin. Le jeu est alors plus sérieux qu’on ne l’aurait cru.

Carole Guilbaud

Pourvu que j’arrive quelque part

24 septembre – 16 octobre 2016

Né en 1974, Thomas Dreyfuss vit et travaille à Gentilly, en région parisienne. Après des études d’Histoire de l’art et d’Archéologie, il suit un cursus d’Arts Plastiques. À travers le dessin et la peinture, il choisit de mettre la théorie en perspective dans une veine figurative.

Pour Thomas Dreyfuss, « peindre, c’est aussi recomposer ce que l’on est ».

Les tableaux exposés gardent la trace d’un univers, fait de transits et d’échanges, qui se façonne au fil des séjours de Thomas Dreyfuss parmi les Afar, un peuple nomade de la Corne de l’Afrique, et dans le contact prolongé, en France, avec des jeunes migrants du monde entier à qui il enseigne les arts plastiques. À partir de ces rencontres, il cherche à créer ce qui lui permettrait de montrer et de raconter ce monde fragmenté, fait d’expériences et de déplacements.

Ce faisant, un autre espace prend vie, constitué par des formes hybrides qui sont autant d’allégories du passage, de la métamorphose, de l’adaptation nécessaire, parfois douloureuse, à des environnements précaires, transitoires.

Cette hybridation, qui s’incarne dans des personnages à la fois singuliers et archétypiques, saisis dans des poses indécises, voudrait faire résonner l’histoire de l’Humanité, l’art préhistorique et les mythologies dans des configurations à l’intérieur desquelles le vivant et le non vivant se côtoient et s’entremêlent à l’intérieur de cycles et de transformations ininterrompues

Par-là, la fragmentation, un effort, chaque fois renouvelé, vise à élaborer un environnement qui, à défaut d’être totalement homogène, permet aux espaces et aux existences de coulisser. La rupture est gommée, les transitions et les continuités sont révélées à travers un travail sur la couleur, la teinte et la composition. La perspective se trouve donc simplifiée à l’extrême par aplats de couleurs contrastées, créant une architecture d’espaces ambigus et symboliques. Si le fond semble s’opposer au premier plan, il en révèle cependant de manière expressive les aspérités faisant émerger des matières telles que la roche, l’écorce, le cuir ou la simple présence des corps, posés là, indécis. Ici les décalages créent instabilité et émotion, là apparaît une inquiétante étrangeté produite par l’incertitude de l’action qui se déroule sous le regard. Au lieu de peupler un espace de la représentation, un cadre de vie en quelque sorte, le geste pictural, sans préméditation, construit, à travers le travail des couches, de l’effacement, de la composition chromatique à l’élaboration d’un lieu, soumis à ses lois propres qui ouvre sur des pistes, plurielles, pour une narration. C’est donc  de cette peinture, toujours en chantier et en exploration, que dépendent en fin de compte tant les coordonnées d’un espace réfracté que les motifs qui y trouvent place et produisent du sens.

À travers ces déambulations, ce vagabondage de la pensée et du regard, un souhait demeure : Pourvu que j’arrive quelque part…